Si ça continue, le tag « settlement » va s’inscrire en corps 72 dans mon nuage delicious, tant j’ai bookmarké de billets à propos de l’accord que Google a conclu cette semaine avec l’AAP et l’Authors Guild (associations d’éditeurs et d’auteurs américains).
Si vous n’avez aucune idée de ce dont il s’agit, c’est que votre agrégateur est en panne ou que vous êtes arrivés ici en tapant « textes pour blog » (et vous êtes assez nombreux dans ce cas, vous avez peut-être envie d’ouvrir un blog, et vous ne savez pas trop quoi écrire dedans, alors, plein d’espoir, vous tapez « textes pour blog » dans Google, et vous arrivez sur teXtes, grosse déception… Allez, lancez-vous, écrivez plutôt vous-mêmes quelque chose, je suis sûre que vous y arriverez.)
Donc, pour vous faire une idée de ce que contient cet accord, faites un tour sur Affordance, Olivier Ertzscheid vous dira l’essentiel.
Ça y est ? C’est quelque chose, non ?
Comme le souligne Clément Laberge, qui annonce aujourd’hui une série de billets sur la question, il faut plus que quelques lignes pour tenter d’analyser l’accord, essayer d’en tirer les conséquences, et d’anticiper sur l’effet qu’il va avoir sur le commerce du livre.
» Dans ce contexte, quand je lis les communiqués émis par certains regroupements d’éditeurs américains et européens, qui laissent entendre que les éditeurs « ont gagné contre Google », que « Google accepte de payer 125 millions de dollars de compensation aux éditeurs » voire que cet accord « confirmerait la validité des règlements et politiques en vigueur sur le droit d’auteur »… je me dis qu’ils ne lisent certainement pas la même chose que moi — où qu’ils ne le font pas avec le même regard en tout cas! Parce que je pense qu’il faut être beaucoup plus nuancé. »
Avant de rédiger des billets plus précis sur l’accord, Clément nous donne son intuition, que je partage tout à fait :
… les éditeurs américains ont choisi en signant cet accord de prendre tout de suite les revenus que Google leur proposait (et qu’ils n’auraient pas générés autrement parce qu’ils ne sont absolument pas prêts pour faire face aux défis du numérique; ce n’est donc pas un si mauvais accord!) mais qu’ils ont dû pour cela accepter que Google détermine dorénavant presque seul les règles du jeu dans le commerce du livre (jusqu’à pouvoir déterminer, et faire varier dans le temps, sur la base d’un algorithme secret, le prix de vente des livres — rien de moins!). À court terme, c’est peut-être un bon calcul pour les actionnaires des maisons d’édition, mais à moyen et à long terme cela pourrait s’avérer extrêmement contraignant et coûteux. »
Parmi les réactions à noter également, celle de Robert C. Darnton, directeur de la bibliothèque d’Harvard, est particulièrement intéressante. Harvard University Library avait fait partie des premières universités à devenir partenaires de Google Book Search, en limitant le partenariat aux ouvrages hors copyright. HUL a annoncé qu’elle n’autoriserait pas Google à numériser ses ouvrages sous droits.
« Selon notre compréhension, l’accord contient de nombreuses limitations potentielles à l’accès et à l’usage des livres par la communauté universitaire et par les responsables des bibliothèques publiques, » écrit Darnton. » L’accord ne fournit pas l’assurance que le prix demandé pour cet accès sera raisonnable, » ajoute-t-il, « tout particulièrement parce que le service d’abonnement n’aura pas de vrai compétiteur et que le périmètre de l’accès aux livres numérisés est en bien des manières limité et incertain ».
Pas de compétiteurs, Google ?
remarque : je l’avoue, cette fin de semaine a été assez bousculée, et ce billet vise simplement à vous permettre de rebondir ailleurs pour en savoir plus sur cet accord. Je vous comprends, finalement, vous qui tapez « textes pour blog » dans Google.