La lettre de Mike aux auteurs (3)

Voici la  troisième partie de la « lettre d’un éditeur à ses auteurs », publiée aujourd’hui par Mike Shatzkin,  pour leur parler de ce que sera un « livre numérique enrichi ».  Il s’agit d’une lettre fictive, d’un éditeur imaginaire nommé NTP, à ses auteurs. Vous pouvez  lire si ce n’est déjà fait la traduction de la première et de la deuxième partie.

Ce billet traite des points deux et trois : qu’est-ce qui est attendu de la part de l’auteur pour arriver au résultat, et quel sera l’accord passé entre notre société imaginaire, la NTP et l’auteur.

Bien sûr, NTP ne pourra pas faire grand chose pour créer des livres numériques enrichis sans votre aide, et celle des autres auteurs. Alors, en quoi avons-nous besoin de vous pour que notre projet se réalise ?

La réponse s’articule en deux parties : les éléments de valeur que vous pouvez ajouter pendant le processus de création du livre, et ceux que vous pourrez ajouter après la publication.

Vous disposez d’un matériel bibliographique et de notes documentaires que nous n’allons pas inclure dans le livre ?  Avez-vous archivé les liens vers les sources que vous avez utilisées sur le Web ? Vous êtes-vous inspiré de personnages ou de lieux dans votre ouvrage, sans les révéler, et qui pourraient avoir un intérêt en tant que matériel supplémentaire pour les lecteurs de votre livre ?

Nous allons vous donner la possibilité de contribuer au dictionnaire qui accompagnera chaque livre numérique. Allez-vous la saisir ?

Vidéo et audio sont les bienvenus. Vous pouvez parler de votre livre à vos lecteurs, ou bien du prochain livre sur lequel vous travaillez déjà, ou d’un livre que vous avez envie de recommander. Nous vous fournirons des indications sur ce que nous pensons être le plus efficace, (en un mot : brief ), et nous définirons des critères de qualité et de pertinence, mais nous souhaitons proposer aux lecteurs de ces livres numériques enrichis une section « De la part de l’auteur » qui vous laisse une grande marge de manœuvre.

Nous souhaitons utiliser l’  « espace »  dont nous disposons dans un livre numérique pour  en dire plus sur le livre que vous avez écrit, à propos du monde dans lequel se déroule l’histoire (s’il s’agit de fiction), ou leur proposer un réel accompagnement  (s’il s’agit d’un document ). Cela peut se faire grâce à du texte que vous aurez écrit, ou par des éléments que vous pouvez nous signaler, dont nous pouvons acquérir les droits pour les ajouter au livre numérique ou simplement pointer vers eux grâce à un lien. Et ces éléments peuvent relever de n’importe quel média.

Ce qui nous conduit à la partie la plus délicate : quel va être notre accord ? (Note du blogueur ; je compte ajouter ici des chiffres. Les chiffres ne sont pas aussi importants que les conditions et les circonstances qui les accompagnent.)

Notre contrat standard pour les ventes de  livres numériques vous permet de percevoir 25% des montants nets perçus par l’éditeur (NTP) – (NDT : l’assiette en France est plus généralement le prix TTC, ce qui est différent ) Nous vous paierons la même chose pour les livres enrichis, même si certains des éléments qu’ils contiennent, comme le dictionnaire,  seront fournis par nous.

En supplément, nous vous demanderons seulement de nous céder des droits non exclusifs en ce qui concerne tout le matériel d’enrichissement des livres numériques. Si vous écrivez un texte original pour l’inclure dans ce matériel, vous pourrez nous le donner et le revendre pour qu’il soit inclus dans quelque chose d’autre, tant que notre droit de ventre le livre numérique que nous avons créé ne s’en trouve pas perturbé.  Bien que nous puissions certainement « extraire » plus facilement du matériel d’un livre numérique que d’un livre que nous stockons dans nos entrepôts sous forme imprimée, les coûts de gestion d’une telle entreprise seraient incontrôlables. (précision : nous pouvons nous arranger pour extraire du matériel si vous nous rémunérez pour ce faire.)

Nous prévoyons la possibilité d’ajouter de la  publicité dans un livre numérique enrichi, ainsi que le fait que la promotion d’un autre ouvrage puisse être accompagné d’un revenu additionnel pour vous. Nous donnerons aux auteurs un droit de veto, ils pourront ou non accepter ce type d’arrangement, et nous partagerons avec eux 25% des revenus issus de la publicité ou des ventes liées. Si c’est vous qui amenez l’annonceur, vous aurez un bonus de 10%.

C’est nous qui contrôlons entièrement la fixation du prix de nos livres numériques enrichis.. bien sûr. Notre stratégie consiste à augmenter leur prix, mais pour des raisons tactiques, nous pourrons être amenés à les distribuer gratuitement, dans le cadre d’opérations spéciales ou de promotions.

Nous souhaitons que nos livre numériques tirent parti des possibilités de la synthèse vocale, sur tous les terminaux qui le permettent, mais, à votre demande, nous la bloquerons sur les terminaux qui permettent cette option.

Le « deal » que nous recherchons avec vous est le suivant : nous, comme vous, allons faire des efforts supplémentaires pour promouvoir notre produit de base, votre livre, et pour améliorer la compréhension de ce que seront les « produits de base » de demain, les livres numériques enrichis. Nous espérons que nos auteurs seront nombreux à être enthousiastes au sujet de cette idée dès son apparition,  et que la plupart des autres nous rejoindront progressivement, au fur et à mesure que nous développerons le concept.

P.S. : Depuis que j’ai commencé cette série de billets, j’ai appris l’existence d’une étude sur les livres numériques réalisée par John Warren et la Rand Corporation. L’article de John est très complet et recense les points les plus importants concernant les capacités des livres numériques, y compris les liens hypertextes et le multimédia, et traite aussi des expériences en terme de fixation des prix, qui ne sont pas couvertes dans mes billets. Cependant, cela ne recouvre pas ce que je considère comme le point central de mon approche, qui est qu’un éditeur doit se doter d’une base de données, et d’un nouveau mode d’échanges avec ses auteurs, pour vraiment entrer dans l’ère du livre numérique.
L’approche livre par livre, qui est naturelle et qui est celle couverte par l’étude de Warren, ne sera pas rentable pour le livre numérique grand public pendant quelque temps, peut-être pendant plusieurs années.

Texte inséré initialement sur le blog de Mike Shatzkin dans un billet intitulé “Enhanced Ebooks, Part 3“.

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2 réponses à La lettre de Mike aux auteurs (3)

  1. F dit :

    sur cette question des « recettes » et prix de vente on achoppe nous aussi juridiquement : dans mon idée, on partage 50/50 auteurs et structure – mais je souhaitais qu’on partage les recettes nettes – si nous vendons un fichier X euros, il y a à défalquer les 19,6% TVA (sauf pour ventes hors UE, d’où la grande tentation d’aller jouer offshore), la commission diffuseur/distributeur – mais si ledit distributeur (nos amis de l’immatériel-fr) implémentent la vente sur site d’une librairie partenaire (ou distributeur numérique), on y gagne parce qu’on diffuse à autre échelle, et il me semblait évident qu’on garde le même prix de vente, mais qu’on déduit la commission de l’intermédiaire ajouté – ça marcherait très bien si on vendait des camemberts, mais s’il s’agit d’oeuvre artistique on se met en infraction – on est forcé de calculer le pourcentage sur le prix de vente – ça me hérisse énormément ces obstacles administratifs complètement contraires à la nature de ce qu’on entreprend…

    heureux de signaler aussi qu’on finalise système où chacun de nos auteurs a directement accès à ses chiffres téléchargement – de même qu’il peut répondre aux annotations des lecteurs directement dans la e-liseuse du site

    tous points qui rejoignent ceux que tu évoques, et qui recoupent une bonne part de ce que nous avons élaboré dans contrat d’auteur publie.net

  2. M-A Fournier dit :

    C’est marrant, navrant, c’est toujours mieux quand un américain s’exprime. Depuis un an je milite pour une écriture hypermédia et B Rives pour une écriture enrichie, sans échos dans les blogs francophone. Une différence toutefois, nous avons déjà mis en pratique les théories de ce monsieur. A force d’aller voir ailleurs on oublie ceux qui nous sont proches.

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