Un article de Richard Charkin, de chez Macmillan, qui relate comment celui-ci, accompagné d’un camarade, déroba sur le stand de Google sur Book Expo America un ordinateur portable non protégé contre le vol, et attendit à quelques mètre des lieux de son forfait plus d’une heure qu’on vienne lui demander de le restituer, ceci au prétexte qu’il n’était pas indiqué qu’il était interdit de voler cet ordinateur.
On saisit l’allusion aux pratiques googliennes, qui consistent à numériser d’abord (les fonds des biblothèques qui signent avec Google) et accepter de retirer de leur base de données les ouvrages que les éditeurs leur signaleraient :
Notre justification pour ce comportement criminel ? Le propriétaire de l’ordinateur ne nous avait pas demandé de ne pas le voler. S’il avait agi ainsi, nous ne l’aurions pas volé. Quand il nous a demandé de le restituer, nous l’avons fait. C’est exactement ce que Google espère que les éditeurs vont accepter, en matière de respect pour la propriété intellectuelle.
Cet article a déclenché une salve de commentaires (56) dont certains plutôt virulents, parmi lesquels celui-ci par exemple (traduction maison) :
Si vous souhaitiez faire goûter à Google la même potion, vous auriez dû faire des copies numériques de petits morceaux des ordinateurs portables, et mettre à diposition un lien vers un revendeur chez qui il serait possible d’acheter la machine entière. Vous autres gens des vieux medias vous ne pouvez vous faire à l’idée que Google est l’un des meilleurs outils marketing dont vous disposez, et que cela ne vous coûte pas un centime.
« Gens des vieux medias » sonne moins bien que la VO : « you old media guys ! »Et l’avis plus nuancé d’un consultant en édition :
Cela m’intéresse de poursuivre une discussion prenant en compte des points de vue multiples. Par exemple, vous êtes-vous soucié de la nécessité pour une société de s’assurer que ses créateurs, qu’ils soient musiciens, peintres ou écrivains, soient remunérés pour leur travail ?
Il est clair que les éditeurs de la plupart des livres tirent bénéfice de l’initiative de Google. Mais il existe un nombre significatif de catégories qui peuvent témoigner que cette iniiative les fait souffrir plus qu’elle ne les aide.
Vous semblez voir l’imprimerie comme une technologie obsolète et l’édition commerciale de livres imprimés, comme un gâchis d’arbres. Vous semblez considérer les éditeurs comme des fabricants d’objets d’un autre temps. Mais de nombreuses personnes – y compris des jeunes- préféreront se servir d’un livre imprimé plutôt que d’emmener leur lecteur d’e book au lit ou sur la plage. Que vous partagiez ou non cette esthétique particulière, vous devez avoir en tête qu’il existe des gens qui ne partagent pas votre vision du futur.
Alors, que proposez-vous ? Qui va créer le contenu sérieux de demain – ce qui aujourd’hui ne figure que dans les livres, les arguments longuement et correctement développés, les ouvrages littéraires, les livres scolaires, – s’il sait qu’il ne sera jamais rémunéré pour le temps qu’il y passera ?
Et ainsi de suite…