Hubert Guillaud cite dans La Feuille un extrait du dernier billet de Blogo Numericus, intitulé « l’édition en ligne, un nouvel eldorado ? ». Ce billet concerne en premier lieu l’édition numérique en sciences humaines, normal, son auteur dirige la cellule numérique de l’ENS LSH à Lyon. Néanmoins, il intéressera tous ceux qui se préoccupent d’édition électronique.
Piotrr commence par déclarer obsolètes les questions qui ont structuré le débat autour de l’édition électronique depuis 10 ans : celle de la désintermédiation (les intermédiaires changent, mais ne disparaissent pas), le débat « format papier / format électronique » (tous les contenus sont numériques, et on peut se demander lesquels pevent faire l’objet d’une impression papier), les modifications de la « chaîne du livre », (le concept de « chaîne du livre », qui représente un mode de transmission uniltatéral est devenu inopérant, on a désormais affaire à un « mode circulaire de circulation des savoirs »). Une fois déblayés ces thèmes, il prend du recul, et repose des définitions : qu’est-ce qu’un éditeur ? Dans sa définition économique, il fournit une explication extrêmement claire du concept de « longue traîne » proposé par Chris Anderson.
Quelles sont les thématiques qui rempacent alors celles devenues obsolètes ? L’explosion documentaire, la nécessité des plateformes, celle des moteurs et de tous les outils permettant de faciliter l’accès aux contenus, la gratuité, l’économie de l’attention.
Parmi les conséquences de la nouvelle accesibilité en ligne d’articles scientifiques, celle-ci, dont on parle rarement :
Dernier phénomène intéressant : ce sont les usages non-contrôlés des publications scientifiques. Dans un contexte d’accès ouvert aux publications, avec la particularité des sciences humaines que les connaissances produites sont communiquées en langage naturel (pas de rupture linguistique comme ailleurs), on voit des articles pointus, publiés dans des revues qui n’étaient jusqu’à récemment consultables qu’en bibliothèque universitaires, être cités dans des forums de discussion, sur des sites personnels, bref, dans des discussions courantes, sans être passés par le filtre de la vulgarisation patentée. C’est un phénomène mal connu à mon avis, et pourtant assez passionnant.
Je suis soudain prise d’un doute affreux : ce modeste billet, qui n’a qu’un objectif : vous donner envie de lire celui de Piotrr, entre peut-être après tout dans la catégorie des usages non contrôlés. Et s’il était truffé de contresens ? Vous me dites, hein. Et alors j’arrête. Je parle de choses que je comprends. Je me mets à vous raconter ma vie. J’adopte le langage SMS. J’ouvre un skyblog. Je compte sur vous.
Attention, chère Virginie ; ce n’est pas parce que les usages sont « non-contrôlés » qu’ils sont nécessairement à contre-sens ! quoique nombre de chercheurs aient tendance à le penser… En tout cas, pour ma part, j’ai bien pris soin d’adopter une formulation très neutre sur le sujet.