Evan Schnittman nous a reçus ce matin dans les locaux d‘Oxford University Press. Je l’avais déjà brièvement rencontré l’an dernier à la foire de Londres, et il fait partie de ces gens dont je lis les billets depuis si longtemps, que j’ai l’impression de bien les connaître. Chez OUP, le numérique est le principal vecteur de croissance.
Jusqu’à l’arrivée du Kindle il y a deux ans, ces revenus provenaient principalement des abonnements des bibliothèques universitaires à des collections de revues. Depuis, il sont également issus des ventes en téléchargement de livres numériques. Evan distingue deux grands types de contenus, en anglais « immersive content » versus « extractive content ». Pour être en mesure de tirer parti des « contenus extractibles », il a fallu 5 ans à OUP pour migrer complètement vers une production basée sur XML, afin de disposer de contenus structurés, dont il est possible ensuite d’adresse facilement chacun des éléments. On a donc deux modèles bien différents, l’un, en accès, pour l’ « extractive content », l’autre en téléchargement, pour l’ « immersive content ».
Les modèles de fixation des prix pour les versions numériques de leurs livres varient fortement d’un segment éditorial à l’autre. Ce qui détermine le prix d’un livre numérique, c’est la valeur ajoutée qu’apporte à l’utilisateur le fait que celui-ci soit disponible en numérique, et ces prix peuvent être inférieurs mais également supérieurs à ceux de la version imprimée.
A propos des Big Three (Google Amazon Apple), Evan rappelle que les missions de ces entreprises sont bien différentes :
– Google cherche à vendre de la publicité, en développant son activité de moteur de recherche, qu’il lui faut rendre toujours plus attractif.
– Apple cherche à vendre toujours plus de hardware et de software.
– Amazon veut connecter les consommateurs à des contenus, et surtout cherche à capter le marché de la lecture immersive.
Dans la définition d’une stratégie, la compréhension fine de ce qui fait bouger les différents acteurs est essentielle, et une vision comme celle d’Evan est précieuse. Evan semble cependant fonder de solides espoirs sur l’ensemble des services de Google : il présente les services de Google comme des opportunités formidables pour les éditeurs comme pour les libraires, sans faire mine un instant de s’inquiéter de la dépendance ainsi crée, et de l’incroyable puissance ainsi conférée à cet acteur dont le pouvoir est déjà tellement grand.
Je vous parlerais bien aussi du rendez-vous avec Michael Cader, de Publishers Lunch, mais je ne parviens plus à garder les yeux ouverts, et je n’ai même plus le courage de trouver une chute plus sympathique pour ce billet tardif que ce seul mot : bonsoir.
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