Mouvement de mécontentement dans la biblio-blogosphère internationale, après l’annonce d’Amazon : en ce qui concerne les livres imprimés à la demande, désormais ne pourront être proposés à la vente sur la librairie en ligne que ceux imprimés via la plateforme BookSurge appartenant à Amazon. En clair, les auteurs utilisant par exemple le service proposé par lulu.com ne pourront plus utiliser le site d’Amazon pour mettre en vente leurs ouvrages.
« Guerre de l’impression à la demande », annonce La Feuille. PersonaNonData déplore également :
Avec la migration vers une édition orientée plateforme, (une version édition d’iTunes par exemple), nous apercevons en germination un monde où il n’existera plus qu’un ou deux canaux d’accès vers le consommateur. Si leurs actions dans le monde de l’impression à la demande ces deux derniers mois se poursuivent dans la même direction, on peut affirmer qu’Amazon a de réelles tendances au monopole.
L’impression à la demande n’est pas un phénomène à négliger, comme le rappelle booktwo.org
Amazon contrôle entre 15 et 20% du marché du livre (au Royaume Uni) mais la grande majorité du marché des livres en ligne, qui ne cesse de croître. Par ailleurs, l’impression à la demande est passé de la niche « auto-édition » (vainity publishing), à une option d’impression très courante. Les Presses Universitaires de Cambridge viennent de franchir la barre des 10 000 titres (communiqué en PDF) mis à disposition chez Lightning Source. Les grands éditeurs se tournent de plus en plus vers le POD pour diffuser leurs titres de fond de catalogue, tandis que les nouveaux éditeurs utilisent cette option pour s’affranchir de l’impression traditionnelle, avec ses coûts élevés, et de tout ce qu’elle implique : stockage, système des retours. (…)
Ne doutons pas que l’impression à la demande va croître très vite. 50% des livres imprimés aujourd’hui ne sont jamais lus – ceci, ainsi que la croissance du livre électronique (une autre opportunité de monopole pour Amazon) fait penser que l’impression à la demande va concerner la majorité des livres publiés dans un futur pas si éloigné que cela. Pour le moment, il y a encore des petits problèmes de coût et de qualité, mais cela va changer rapidement.
Comme le note également PersonaNonData, on ne peut s’empêcher d’admirer la façon dont Amazon développe de nouveaux services, tire parti à toute vitesse des possibilités offertes par Internet, propose presque chaque jour de nouvelles fonctionnalités aux visiteurs de son site (en particulier sur la version américaine, toujours en avance sur la version française). Mais en serons-nous réduits à une sorte de « syndrome de Stockholm » ? Pris progressivement en otage par un acteur omnipotent, nous développerions pour lui une sorte de sympathie un brin névrotique, faute de pouvoir lui résister, en étant aussi rapides, aussi créatifs, aussi déterminés, et aussi inexcusablement « monopolistic and unethical » ?
Un billet (11 mars 2008) de Peter Brantley, Shimenawa, “Des Refuges pour les Bons Livres (Orphelins)†va dans le sens des remarques de BookTwo quant à l’importance croissante de l’impression à la demande.
Brantley fait nombre de suggestions intéressantes sur les solutions qu’on pourrait imaginer dans des conditions légales et économiques pour remettre en circulation les ouvrages orphelins (c’est à dire ceux dont on a perdu trace des ayants-droits, auteurs, éditeurs, ou même simplement des contrats, ce qui représente des millions de titres à l’intérieur de l’horizon de protection des lois sur la propriété intellectuelle).
Bonne lecture…
Ping : La guerre de l’impression à la demande ? | La Feuille
Pétition :
http://www.ipetitions.com/petition/protectPOD/?e
Un appel à l’action outre-Manche et oute-Atlantique :
http://booktwo.org/notebook/we-suspect-this-manoeuvre/