Le mur blanc, le son de la voix, le corps de celui qui parle, agité parfois un peu, le pied qui tape, la main qui s’élève. Le texte est inscrit sur des feuilles de papier, il tient les feuilles à la main, il lit le texte inscrit sur les feuilles. Il choisit entre quels mots poser la suspension de la respiration, le texte respire, il respire la peur.
Sans images. Juste le corps qui se détache devant le mur. Juste la voix qui porte la force des mots. Juste nos corps autour, immobiles, à l’écoute.
La voix monte, habitée : il faut, pour mobiliser notre chétive attention, il faut que la voix tende et retende sans cesse le fil, il faut le rythme dans l’intonation et l’énergie du corps entier qui dit le texte, pour que nous écoutions encore et encore.
La lecture va s’achever, il jette les feuillets et n’en garde qu’un seul à la main, le dernier, il lit la fin du texte et sitôt jeté le dernier mot se détend et sourit.
Ce serait l’envers indispensable de l’ASCII, des microformats, des widgets, des blogs, des bibliothèques virtuelles, des podcasts : la rencontre, la présence, le petit nombre, le regard, le renoncement provisoire à l’ubiquité, au contraire, le choix d’être là et pas ailleurs, son choix à lui d’auteur qui dit lui-même son texte ce jour là à cet endroit là , notre choix à nous qui venons l’écouter, du temps dédié à une seule voix, à un instant singulier de poésie.
François Bon, c’est l’engagement de tout un être comme le dit sans énigme ton article. Idem lors de la présentation de sa biographie de Dylan à la FNAC, généreux, sobrement bavard, après avoir lu quelques extraits et répondu dans le sourire et avec références aux questions comme celle-ci « la fin de votre livre ne témoigne-t-elle pas d’une volonté de sauver le texte de sa misère de livre un peu comme la fin des chansons de Bob Dylan, ses retours en arrière, fragments, poésie ? », il chahute encore quelques lycéens musiciens et leur demande de lui envoyer leurs liens à MySpace… Impressionnant !
PS : et Minyana, sans micro, c’était bien ?