Back from London

Dans le train qui me ramène à Paris, essai pour mettre en ordre ce que je retiens des différents débats, séminaires et présentations auxquels j’ai assisté à l’occasion de la Foire du Livre de Londres.

Il me semble que l’expression que j’ai le plus entendu utiliser est : « focus on readers »
Que ce soit dans le « keynote » sur l’avenir de l’édition, dans celui joliment nommé « digital publishing : where is the money ? », durant l’après-midi de dimanche consacré à l’expérience américaine en matière d’édition numérique, cette nécessité de se concentrer sur les attentes des lecteurs était omniprésente.

Tous les responsables de groupes ou de maisons d’édition que j’ai entendus sont aujourd’hui tout à fait conscients de ce qui est en train de se produire. Ils savent tous qu’aujourd’hui il est extrêmement facile pour quiconque d’accéder à la publication, sans passer par leur intermédiaire. Ils savent aussi que leurs concurrents aujourd’hui ne sont plus seulement les autres éditeurs, mais toute une pléiade d’acteurs dont ils n’avaient jamais eu à se soucier auparavant, des acteurs dont la plupart n’existaient pas il y a vingt ans : Google, Amazon, Apple, les opérateurs de téléphone. Que leurs concurrents sont aussi tous ceux qui se disputent notre attention : télévision, vidéo, jeux, médias sociaux…

Comment font-ils, ces éditeurs, pour garder le moral dans un contexte comme celui-ci, auquel s’ajoute bien-sûr la crise économique ?  Ils font comme vous et moi : ils savent que c’est dans ce monde qu’ils doivent vivre, et qu’il leur faut s’adapter. Ils savent que la meilleure manière de le faire, c’est de penser le changement non comme une fatalité mais comme une opportunité. Ils repensent leur métier en profondeur, dans toutes ses dimensions. Ils tirent des leçons des expériences menées dans les secteurs éditoriaux pionniers dans le numérique (édition professionnelle, éducation). Ils se familiarisent progressivement avec des technologies qu’ils ne peuvent plus ignorer, se préoccupent des formats, des métadonnées, des normes et standards, de la gestion de leurs fichiers. Certains découvrent et expérimentent  les médias sociaux, moyens inédits de rentrer en contact avec leurs lecteurs. Les chantiers ne sont pas seulement techniques, mais aussi juridiques, économiques et impliquent des changements en profondeur dans les habitudes et les comportements.

Il est tant d’aspects qui changent et vont changer dans ce métier, que la question est peut-être finalement « Qu’est-ce qui ne va pas changer dans le métier d’éditeur ? »

Koyamparambath SatchidanandanPour essayer d’y répondre, je vais faire un détour. Dans les trois grands halls contigus qui accueillent la Foire de Londres, le « coin du numérique » est situé tout au fond, autour d’un « Digital Theater » beaucoup trop étroit pour l’audience qu’attire chacune des présentations qui s’y déroule. Auprès de ce lieu toujours débordant de monde, de très nombreux stands de prestataires numériques, dont on a l’impression qu’ils se sont multipliés à très grande vitesse.
Et à quelques pas de là, un espace plus vaste que le Digital Theater, Le « English Pen Litterary Cafe » accueille toute la journée des auteurs, dont de nombreux auteurs Indiens car cette année, c’est l’Inde qui est l’invité d’honneur de la foire. J’ai beau être tout à fait passionnée par mon métier, il m’arrive de saturer un peu des présentations techniques ou des discussions stratégiques sur le numérique (et oui !) Alors, je m’approche de cet espace où une foule nombreuse est venue écouter un auteur, et je m’installe pour écouter moi aussi. Je connais vraiment très peu la littérature indienne contemporaine. Alors je ne reconnais pas l’auteur, (mais plus tard, une petite exploration du programme et du web me permettent d’indiquer qu’il s’agit de Koyamparambath Satchidanandan, poète et intellectuel indien de langue malayalam.)  Je l’écoute, et je me laisse emporter. Dans l’assistance, je repère plusieurs éditeurs français. L’un d’entre eux n’a pas trouvé de place assise,  ils se tient debout, il ne perd pas un mot de ce que dit l’auteur, je peux lire sur son badge le nom de sa maison d’édition. A la fin de l’intervention, il s’approche de l’auteur, visiblement, il a besoin de lui parler. Et je me dis : « tiens, voilà un éditeur. »

Ce qui ne changera pas dans ce métier, c’est la passion d’éditer. La passion de découvrir et de distinguer, la passion de rencontrer et d’accompagner, la passion de mettre en forme et de fabriquer, la passion de faire connaître, de diffuser, de partager.

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en attendant, et à toute vitesse

En attendant d’avoir le temps de bloguer plus tranquillement la foire du livre de Londres, quelques échos et liens.

Les utilisateurs de Twitter peuvent suivre le tag #lbf, pour glaner des infos, et des images (beaucoup de gens qui utilisent ce tag ont posté des photos.)

Mike Shatzkin, qui intervenait dimanche dans la conférence « America ‘s changing readers -Strategies for digital publishing in a time of uncertainly  » affirme dans son billet du jour que la LBF est déjà  pour lui l’occasion de « validate some thoughts I’ve been having about ebooks. »

La nouvelle a été publiée hier de la nomination de Michael Healy à la tête du BRR, (Book Rights Registry), l’organisme qui, conformément à l’accord intervenu entre Google, l’AAP et l’Authors Guild (nommé en français « le Règlement »), sera chargé de créer et d’administrer une base de données des ayants-droits de la totalité des livres concernés par le Règlement. La première tâche du BRR sera de distribuer à ces ayants-droits les sommes prévues par le Règlement en compensation de la numérisation sans autorisation des livres sous droits par Google. Michael Healy dirige le BISG, et se consacrera à mi-temps au BRR. Tout ceci est  suspendu à la confirmation du Règlement par la justice américaine prévue en juin.

L’Espresso, la « petite machine à fabriquer des livres » est l’une des attractions de la foire. La machine utilisée en démonstration est celle-là même qui sera installée dès lundi prochain dans la librairie de Blackwell à Charing Cross.

Bon, je dois filer, c’est mon dernier jour à Londres. J’ai hâte de me poser un peu pour bloguer plus en détail conférences et rencontres.

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Bloomsbury : une offre en ligne à destination des bibliothèques

Je l’apprends sur le fil twitter d’Adam Hodgkin, et le premier à publier un billet à ce sujet  est The Bookseller.com : L’éditeur britannique Bloomsbury va ouvrir le 4 mai une offre en ligne à destination des bibliothèques, par l’intermédiaire de la plateforme Exact Editions.  The Bookseller.com détaille : (traduction maison)

Bloomsbury est sur le point de proposer un accès à une sélection de ses titres aux usagers des bibliothèques via la plateforme Exact Editions. Bloomsbury déclare que cette initiative unique, abordable et user-friendly répond aux besoin des bibliothèques qui sont aujourd’hui dans la nécessité d’atteindre une audience plus large avec des budgets plus minces.

La Bibliothèqe en ligne Bloomsbury va ouvrir le 4 mai avec 10 à 12 titres constituant un « bouquet » parmi lesquels The Suspicions of Mr Whicher, de Kate Summerscale (Galaxy Book of the Year), Burnt Shadows, de Kamila Shamsie (sélectionné pour le Orange Prize), The Guernsey Literary et Potato Peel Pie Society, (deux succès dus au bouche-à-oreille) de Mary Ann Shaffer, et le bestseller international The Death of Vishnu par Manil Suri.

Les bibliothèques pourront s’abonner à des « étagères individuelles » incluant ce bouquet, une étagère jeunesse, une étagère sports, une étagère dédiée à Shakespeare, et une étagère de référence. Les bibliothèques paieront un abonnement de 100£ pour 100 000 utilisateursn avec un abonnement minimum de 250 £. Les livres seront consultables depuis le site web de the Exact Editions.

Richard Charkin, directeur éxécutif de Bloomsbury déclare : « Les bibliothèques sont extrêmements importantes pour les lecteurs, les communautés et les auteurs, et sont soumises à des contraintes financières très dures. Sans jamais oublier l’importance des livres eux-mêmes, elles doivent impérativement s’adapter aux demandes du 21ème siècle : combattre la fracture numérique, apporter un service à des communautés multiculturelles, attirer de nouveaux utilisateurs et atteindre les foyers. La Bibliothèque en ligne Bloomsbury a pour vocation de combler un vide, et, nous l’espérons, de montrer la voie à développements similaires dans le monde des bibliothèques.

Jusqu’à présent les offres numériques de consultation en ligne destinées aux bibliothèques étaient plutôt le fait d’éditeurs universitaires, scientifiques, techniques, juridiques, à l’exception notable de l’éditeur 100% numérique français publie.net, qui propose aux bibliothèques des abonnements à ses collections de littérature contemporaine

En France, plusieurs offres de livres numériques en accès en ligne comme en téléchargement existent pour les bibliothèques. Numilog a une offre qui en quelque sorte reconstitue pour le livre numérique les conditions de prêt du livre papier (avec une notion de « réservation »). (Voir  le fonctionnement « côté usagers », détaillé sur le site de la bibliothèque de Reims.) Publie.net propose également une offre aux bibliothèques, pour la littérature contemporaine, offre détaillée ici.

S’il en existe d’autres, qu’elle se signalent en commentaire, et merci à Guillaume pour ses précisions en commentaire, qui m’ont permis de modifier la fin de ce billet.

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Ne me twitte pas…

…il faut oublier, oublier le temps… Le temps où Twitter n’existait pas. Le temps où Amazon aurait pu faire une malencontreuse erreur (#glitchmyass ?) qui sorte de son classement et rende quasiment invisibles sur son site tous les livres GLBT (Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender) sans se retrouver au centre d’une tempête de prostestation en plein week-end de Pâques, le temps où l’avocat du journal « 20 ans » aurait pu envoyer avec quelque espoir de les impressionner une lettre à des blogueuses qui sont aussi des twitteuses, le temps où Mikkey Money, 17 ans, n’aurait pas pu menacer Twitter en lançant une attaque ce même week-end, infestant un, puis dix, plus de dix-mille comptes avec un virus.

Et oui, il s’est passé tout ça ce week-end, et pas mal d’autres choses, pendant que vous cherchiez les Å“ufs de Pâques…

Mise à jour du 15/04 : Amazon – un hacker revendique être à l’origine de l’affaire, tandis qu’Amazon plaide une « cataloging error ». Choisissez votre version.

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Détournement de tags

Comment s’y retrouver parmi un grand nombre d’informations, trouver celles que l’on cherche, correctement  ranger et classer celles que l’on produit ?

(Ceux qui savent ce qu’est un tag, vous pouvez sauter les quatre paragraphes suivant.)

La question n’a pas attendu internet pour se poser. Elle se pose assez rapidement dès que l’on dispose d’une quantité de choses qui dépasse un nombre finalement assez réduit. Prenez simplement le disque dur de votre ordinateur. Un utilisateur novice stocke volontiers dans un premier temps ses fichiers sur le bureau. Il a le sentiment que c’est là qu’ils seront le plus accessibles, le plus « Ã  portée de main ». Et il a raison. Tant qu’il règne sur une vingtaine de fichiers. Il peut les retrouver ainsi. Il les a à portée de la main. Mais très vite, l’écran du bureau est entièrement saturé d’icônes, et il faut bien trouver un autre moyen. Alors se pose la question du classement. On apprend qu’on peut mettre les fichiers dans un dossier. On est dans une  analogie avec le monde des atomes : mettre un document dans une chemise, la chemise dans un dossier, le dossier sur une étagère. Et décider du nom du dossier, de sa place sur l’étagère. Et traiter le cas atroce des documents qui pourraient aussi bien être classés dans ce dossier que dans celui-ci. Se donner des règles. Créer un affreux dossier « divers », un épouvantable dossier « Ã  trier ». Pire, dupliquer un document pour qu’il figure dans deux dossiers différents, et ne plus jamais penser, si on en modifie une occurrence, à modifier aussi l’autre, et avoir deux documents qui devraient être identiques et qui ne le sont plus.

Je me fais beaucoup moins de souci concernant le rangement de mon disque dur depuis que j’ai accès à un moteur de recherche qui parcourt non seulement les mots du titre de mes fichiers, mais les mots contenus dans ceux-ci. J’ai adopté un système de classement qui en vaut un autre, et, au moindre doute, j’utilise plutôt le moteur. Je n’ai pas besoin de savoir très précisément « où » j’ai rangé chaque document, j’ai juste besoin de savoir quels termes je dois taper dans le champ de saisie pour fournir au moteur le meilleur indice pour retrouver le fichier que je cherche.

Faute d’autres informations, un moteur de recherche utilise toutes celles que le document lui offre : son titre, le plein texte contenu dans le document, sa date de création, sa nature. Mais on peut ajouter, pour un document, de façon intentionnelle, des éléments qui ne seront destinés qu’à favoriser sa « trouvabilité ». On peut aussi ajouter à chaque document des étiquettes contenant de l’information sur le document lui même, sur la nature de son contenu. Ce geste de qualifier un document, de donner de l’information à son sujet dans le but d’améliorer sa capacité à être trouvé, c’est ce que l’on appelle l’indexation, lorsque le geste est réalisé dans un monde de termes plus ou moins contrôlés, et on parlera de « tags » (que l’on traduit par étiquette, label ou mot-clé) lorsque les termes employés pour renseigner un contenu seront librement choisis par celui qui  pose le tag. On comptera sur le fait qu’un grand nombre de personnes déposeront un tag sur un contenu pour que se dégage une hiérarchie des termes choisis pour décrire un même contenu, en fonction du nombre de fois que le terme aura été choisi par une personne pour ce faire.

Bon, pourquoi je me lance dans cette longue explication ? Elle est tout à fait  inutile pour tous ceux d’entre vous qui savent déjà tout cela – mais j’aime bien penser aussi à tous ceux qui ne le savent pas, éviter l’entre soi, et permettre à ceux qui viennent de commencer à s’intéresser à ces questions de trouver quelques repères.

Alors, pourquoi parler des tags aujourd’hui ?

Parce qu’il existe aussi des usages des tags qui vont au delà d’une simple description de contenu. Ou plutôt, un tag, cela permet d’associer à un ensemble d’informations un mot clé, rien de plus.  L’usage principal du tag, qui nous fait penser qu’il s’agit là de sa définition, a été de considérer que le mot clé donne de l’information sur l’information, de la manière la plus objective possible. Mais cette idée que le tag informe, et qu’un « bon tag » est celui qui va faciliter la recherche, qui va informer précisément sur le contenu d’une information, est une idée pieuse. En réalité, on peut utiliser les tags de bien des manières. La décision de la nature de la relation que le tag entretient avec l »ensemble d’informations à laquelle on l’associe est prise par celui qui « pose » le tag, et il n’existe aucune « haute autorité » du tag. Le risque que vous prenez en taggant un ensemble  d’information de façon fantaisiste, est, si cette information est taggée par un grand nombre de gens, que votre tag passe inaperçu dans le nuage de tags, où les tags les plus utilisés apparaissent en plus grand que les autres. Si vous êtes le seul à tagger, vous induirez simplement la personne qui utilisera votre tag inadapté en erreur, et elle pourra être (mais pas forcément, car la sérendipité emprunte parfois de drôes de chemins…)  mécontente de trouver le document ainsi taggé en réponse à sa requête.

Maintenant, il est possible d’utiliser le tag de façon différente : non pour faciliter l’apparition de la portion d’information taguée en réponse à une requête portant sur le sens, mais pour créer de manière conventionnelle un lien entre des contenus divers, qui permettra de les regrouper dans un but particulier. L’exemple des hashtags dans twitter correspond à ce cas : lorsque l’on souhaite faire en sorte de créer un fil thématique dans twitter, il suffit d’ajouter un hashtag et de communiqur la signification de ce hashtag à la communauté de gens susceptibles d’être intéressés, et le tour est joué. C’est le cas de tous les hashtags concernant un événement, conférence ou autre, qui permettent de suivre tous les tweets de ceux qui publient des micro-billets en direct depuis l’événement concerné.

Un autre exemple aujourd’hui, assez spectaculaire :

Amazon permet aux visiteurs de son site de tagger les livres mis en vente sur son site. Sur la version française d’Amazon, on ne parle pas de « tags » mais de mots-clé. Les visiteurs peuvent ajouter des mots clés à un livre, en choisissant de voter pour des mots-clés déjà présents ou d’ajouter des mots-clés de leur choix si ceux-ci ne figurent pas déjà dans la liste existante.

Le corolaire est bien sîr qu’il est possible d’effectuer une recherche via ces mots-clé. Faites-donc une recherche sur amazon US avec le tag  « 9 99boycott », et essayez de deviner ce que peuvent bien avoir de commun les livres qui apparaissent en réponse.

Allez, je vous aide je vous donne le lien. Et puis je vous traduis l’information sur la signification de ce tag, disponible dans une discussion, toujours sur le site amazon, associée au tag en question :

« Â  Le prix des livres pour le Kindle ont augmenté.
Juste aujourd’hui, j’ai trouvé un roman pour 10 $ dans la boutique Kindle – alors que la version grand format est disponible pour 9 $.
Adressons un message aux éditeurs :
Faire payer 11$ un roman en livre de poche – sans livre de poche – est ridicule.
Faire payer 18$ pour une version numérique pour un livre contenant essentiellement des photographies, qui font piètre figure sur le Kindle, est ridicule.
Faire payer 12 $ un livre sur le monde des affaires alors que nous pouvons l’obtenir chez Costco  (soldeur américain) en 2 semaines pour 9,99 $ est ridicule.
Passons à l’action !
Déposons le tag  « 9.99boycott » sur tous les livres numériques dont le prix dépasse 9,99 $ !
Il suffit d’utiliser le formulaire sotué en bas de l’écran d’une fiche ouvrage et de saisir le  tag   «9.99boycott» (sans les guillemets) , puis de cliquer sur le bouton.
C’est facile.
J’ai déjà commencé.

Pourquoi ?

Les livres pour le Kindle sont un peu comme des tickets de cinéma. Alors que vous pouvez relire le livre, vous ne pouvez pas :
-    le donner à une bibliothèque
-    le vendre dans une librairie d’occasions
-    le vendre sur la place de marché occasion d’Amazon
-    le revendre à un ami

Et, bien sûr, le livre n’a pas de papier donc il n’a pas de coûts de production. L’éditeur ne paie pas pour le papier, la colle, l’impression, l’assurance, l’encre, l’emballage ni le transport.
Amazon n’a pas besoin de stocker dans son entrepôt,  ni de payer des équipes pour préparer les expéditions, ni de payer les envois.
Le prix doit refléter ces faits très importants.
Nous n’avons pas acheté nos Kindle,  avec la promesse d’une utilité pratique et des prix bas des livres numériques, pour être ainsi baladés avec des tactiques basées sur une offre-appât bientôt suivie de changements brutaux. »

On pourrait s’étonner qu’Amazon laisse s’insaller sur son site une campagne de boycott de ses produits. Sauf si l’on pense qu’Amazon, comme de nombreux autres acteurs du secteur du livre numérique, ne sera pas mécontent de faire pression sur les éditeurs,  car il s’agit bien d’une adresse aux éditeurs. Des prix bas pour Amazon, c’est plus de livres numériques vendus, plus de Kindle vendus, des consommateurs satisfaits. C’est la possibilité d’un décollage plus rapide d’un marché sur lequel Amazon s’est positionné très tôt aux USA, et qu’il pourrait étendre très rapidement en Europe. C’est une l’opportunité de consolider sa position de leader ayant adopté un modèle vertical : « je lis un livre numérique acheté sur Amazon avec mon Kindle acheté sur Amazon. Je ne lis que des livres achetés sur Amazon avec mon Kindle, , (sauf si je suis rusé) je ne lis qu’avec mon Kindle les livres achetés sur Amazon (sauf si j’ai un iPhone) »

J’ai trouvé cette information sur le blog de Kassia Krozser, et elle est très incisive dans le commentaire qu’elle adresse aussi aux éditeurs :

« La voix des consommateurs va devenir de plus en plus forte. Peut être qu’autrefois, vous pouviez prétendre que vous saviez mieux que nous ce qui était mieux pour nous, mais ces temps sont révolus. Réfléchissez à ceci ; il y a un tag Amazon qui explique aux clients non initiés que vos livres sont en train d’être boycottés. Parallèlement, ceux qui s’engagent dans ce boycott font quelque chose d’encore plus vilain ; ils achètent les livres de vos concurrents et laissent les vôtres dans leur caddie virtuel. »

Lire aussi à ce sujet :

Martyn Daniels sur Brave New World : PriyWorld : ebook princing
Priya Ganapati dans Wired : Kindle Readers Ignite Protest Over E-Book Prices

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Guerre et paix

Guerre :

« A la différence de la confrontation des majors avec le numérique, la guerre à venir à toutes les chances d’être plus brutale, plus rapide et plus efficace que celle que mène encore l’industrie du disque. Le plan de bataille édicté par le SNE est d’ailleurs un constat d’échec tant il n’est guère qu’un plan de défense face à une attaque qu’il devine, lui aussi, imminente. Si l’industrie du livre n’a de toute évidence rien appris de l’expérience des majors du disque, qui peut imaginer un instant que dans le camps adverse, aucune leçon n’at été apprise afin de mettre au point les stratégies de la guerre à venir ? » (Fabrice Epelboin – ReadWriteWeb)

tags : confrontation guerre brutale bataille défense attaque adverse

Paix :

« Dans un univers numérique, la clé du succès, c’est le dialogue. Dans le monde du livre, cela suggère le dialogue avec un auteur vivant, certes, mais aussi avec d’autres lecteurs, ou d’autres participants à l’écosystème qui prend forme autour d’une Å“uvre. Par conséquent, par delà les infrastructures, les formats, les modèles commerciaux, etc. ceux qui réussiront le mieux seront ceux sauront tirer profits des dialogues — par tous les moyens; par ceux qui leur conviennent, ne serait-ce que par courriel, par un blogue, etc. Qu’ils soient auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, etc. Je m’émerveille d’ailleurs en voyant apparaître, chaque jour, de nouvelles initiatives qui s’inscrivent dans cette dynamique conversationnelle. » (Clément Laberge – du cyberespace à la cité éducative)

tags : dialogue émerveille apparaître dynamique-conversationnelle

Je sais pas, vous, mais moi, je préfère la paix. Je préfère le travail de Clément auprès des éditeurs, en France pendant plusieurs années et maintenant au Québec, à l’agressivité d’Epelboin envers les éditeurs. Nous n’en sommes qu’au tout début d’un changement qui modifie la manière dont nous lisons, écrivons, publions, apprenons, nous informons, échangeons. Les modalités de ce changement, ses conséquences, méritent autre chose que les sempiternelles vociférations contre « les éditeurs ». Ce n’est pas un secteur que je défends ici, c’est une manière d’être.  Je préfère saluer les expérimentations plutôt que souligner les maladresses, aider à la compréhension plutôt que me gausser des retardataires. Accompagner le changement, et non le jeter à la face de ceux qu’il concerne.

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Le Règlement entre Google et les éditeurs et auteurs américains : une présentation

Trouvé sur le blog de Dave Kellog, CEO de Mark Logic dont je parlais hier, cette présentation du Règlement Google Recherche de Livres,  plutôt bien faite :

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PaaS : Publishing as as Service

Déjà mentionnée dans ce blog, la société SharedBooks propose une site sur lequel il est possible de personnaliser un livre, et d’en commander une version imprimée. SharedBooks vient de conclure un partenariat stratégique avec Mark Logic Corporation, une société qui propose des solutions pour la structuration XML des contenus éditoriaux. L’un fournit le « workflow » éditorial, ( la chaîne de production informatisée ), l’autre l’interface permettant d’assembler les contenus et offrant l’accès à l’impression à la demande, ainsi que la possibilité de toucher directement le client final : et voilà un service de création et de distribution de contenu complètement orienté « plateforme ».

<xmp><explication></xmp>Que siginifie « structurer en XML des contenus éditoriaux » ? Très schématiquement, cela signifie ajouter une couche d’informations à un texte, au moyen de balises insérées dans le fichier du texte. Quiconque a approché le langage HTML sait ce que sont des balises. Il s’agit de mentions qui se présentent précédées et suivies de chevrons. Les balises ne sont pas censées être affichées, le lecteur ne les verra pas. Elles portent une information destinée à être interprétée par des machines. Elles spécifient tout le texte situé entre une balise ouvrante <xmp><commeCeci></xmp> et une balise fermante <xmp></commeCeci></xmp> .  La différence entre les deux ? le signe « / » qui suit le chevron ouvrant d’une balise indique qu’il s’agit d’une balise fermante. Les balises peuvent fournir de l’information sur la structure du texte, de type : « tout ce qui est situé entre ces deux balises constitue le titre d’un chapitre ». Elles peuvent aussi donner de l’information sur le sens du texte, indiquer de quoi il parle : « tout ce qui se situe entre ces deux balises est un recette de cuisine ». Voici une explication bien schématique, mais il n’est vraiment pas difficile d’en apprendre plus sur XML en se livrant à quelques recherches sur le web…

Avec ce système somme tout assez simple, il est ensuite possible d’adresser des portions de texte, de les désigner, de les retrouver, de les manipuler. On obtient ainsi de l’information structurée, un petit peu comme l’est l’information contenue dans une base de données, mais avec une structuration offrant plus de souplesse et de possibilités.<xmp></explication></xmp>

Le métier de Mark Logic, c’est d’aider avec une gamme d’outils XML les éditeurs à structurer leurs contenus, pour une publication qui peut se faire sur papier mais aussi en numérique. Les flux XML ainsi créés peuvent alimenter par exemple des plateformes de e-learning, tout comme ils peuvent, moyennant certaines transformations, être mis en forme pour une publication imprimée. En regardant la liste de leurs clients, on voit que les éditeurs professionnels et universitaires y sont plus nombreux que les éditeurs de littérature générale.

Le métier de SharedBooks, c’est de proposer au client final une interface qui va lui permettre à la fois d’intervenir sur le contenu d’un livre, et d’en commander une version imprimée. Il s’agit d’une forme particulière d’impression à la demande, couplée à de la personnalisation.

On voit immédiatement l’intérêt du partenariat ainsi créé : la possibilité pour les clients de Mark Logic, des éditeurs pour certains d’entre eux, d’utiliser les développements de SharedBooks pour accéder à la fois aux outils de customisation, et à l’impression à la demande. Et, une fois qu’on dispose de contenu structuré, de tels outils ouvrent la porte à quantité de produits nouveaux, qui peuvent être diffusés directement sur le web.

Voici le communiqué de presse :

SharedBook Inc., la solution d’édition personnalisée en ligne, et Mark Logic Corporation, qui fournit la solution leader du marché XML server, ont conclu un accord de partenariat stratégique qui va faire de SharedBooks la solution privilégiée de commercialisation des contenus XML délivrés via Mark Logic Server.

L’accord va permettre aux deux compagnies de conjuguer leurs services pour permettre aux éditeurs et aux détenteurs de contenus d’exploiter leurs actifs numérques en déployant rapidement des produits à haute valeur ajoutée.

La plateforme de personnalisation éditoriale SharedBook offrira aux clients de Mark Logic, actuels et futurs, une solution SaaS (Software as a Service), permettant la réutilisation de contenus, leur ré-agencement dans des œuvres dérivées des contenus traités par MarkLogic server en utilisant les connecteurs de contenus développés par SharedBooks.

« Ce partenariat démontre la flexibilité de notre plateforme technologique », a déclaré Caroline Vanderlip, CEO de SharedBook. « Les outils de « front end » de SharedBooks complètent MarkLogic server pour offrir une solution « go-to-market ».

« SharedBool  offre à Mark Logic une interface  utilisateurs innovante » a déclaré Jeff Faraday, directeur des partenariats chez Mark Logic Corporation. « MarkLogic et SharedBook sont positionnés sur ce marché pour offrir aux clients un service formidable. Nous prévoyons un partenariat de longue durée, dont bénéficieront les deux parties. »

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Alain Pierrot thinks digital

La première fois que j’ai rencontré Alain Pierrot, c’était dans les locaux qu’Hachette Livre occupait encore Boulevard St Michel. Il avait passé une tête dans le bureau de Véronique Schwab, alors que nous venions de recevoir la version CD-I de « La Famille Papyrus », et nous avions montré à celui qui était à cette époque le Monsieur Numérique du groupe quelques extraits de l’un des premiers titres multimédias ludo-éducatifs publiés par Hachette, destiné à la sensibilisation à la lecture des tous petits.

J’ignorais tout alors de SGML (et encore aujourdhui…), XML et la norme Onix n’existaient pas, et je ne connaissais du monde de l’édition que cet immeuble labyrinthique du boulevard St Michel. Mon projet de programme interactif autour de la lecture y était arrivé par la poste, quelques feuillets accompagnés d’une disquette contenant une pile Hypercard.  Il semblait encore magique à beaucoup qu’un clic à l’écran puisse déclencher un son, on prononçait le terme « arborescence » avec une pointe de timidité,  le CD-I semblait prometteur, l’usage du web était loin encore d’être généralisé. Alain et son équipe s’affairaient déjà depuis plusieurs années autour des dictionnaires et des encyclopédies, et parlaient couramment SGML (l’ancêtre de XML).
Alain était chez Cap Digital le 9 mars dernier. C’est toujours un plaisir de l’écouter, c’en est un aussi de pouvoir partager avec vous son intervention, grâce au travail de l’équipe de Think Digital.

(On peut voir la vidéo aussi sur La Feuille, les fauteuils sont confortables, et chez Aldus, il y a des esquimaux à l’entracte).


Think Digital , l’édition numérique.
par think_digital
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Nous sommes tous de petits éditeurs

Google conclut avec Sony un partenariat qui permet à Sony de proposer sur son site the ebook store from Sony 500 000 livres du domaine public en téléchargement gratuit. Les titres sont au format epub.

Google n’exclut pas de proposer à d’autres acteurs, « partageant sa volonté de rendre accessible les livres », le même accès à ses ouvrages. La guerre contre Amazon est déclarée ! Va-t-on continuer chez Amazon d’essayer d’imposer un modèle vertical (achetez chez moi, dans mon format, et lisez sur ma liseuse) ?

Ainsi s’agitent les géants, outre-atlantique, et ce n’est certainement pas fini :  il n’y a aucune raison pour que Google ne mette pas en vente prochainement des livres sous droits, s’appuyant sur l’accord conclu avec les auteurs et éditeurs américains.

De ce côté-ci de l’océan, la « chaîne du livre » tremble, discute et se rassemble au Salon du Livre. De l’espace « lectures de dem@in » aux Assises du Numérique, on essaye les liseuses, on s’interroge sur la définition du livre numérique, on s’inquiète pour les libraires, on fait le bilan de Gallica, on commente l’annonce faite par Gallimard et La Martinière, on se réjouit qu’il y ait du soleil et plein de monde tout de même Porte de Versailles, on parcourt les allées, on note que les lecteurs photographient les auteurs en signature avec leur portable, on feuillette de beaux livres qui ne donneraient pas grand chose sur un iPhone ou une liseuse, on déniche des pépites chez de petits éditeurs, et on se dit : « Nous sommes tous de petits éditeurs ».

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