à plusieurs, on est meilleurs

Allez voir sur le blog d’Aldus : il a monté à la suite les unes des autres dans un même fichier la première page de « Crime et Châtiment » de Dostoïevski dans différentes versions. Le commentaire d’Hadrien éclaire bien l’exemple. Et le tout illustre à merveille la longue discussion qui a eu lieu sur le post précédent, à propos des formats de fichier pour le livre numérique. Et merci à tous de vos contributions, c’est un plaisir d’abriter de tels échanges. Qu’est-ce que ça va être au Salon du Livre ! Et dans quelques semaines, au Bookcamp

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Apprenons à éditer des textes numériques

Nos livres en version numérique ? Bien sûr, ils existent déjà. Depuis des années, la chaîne de production des livres s’est informatisée : le manuscrit, déjà, est fourni à l’éditeur sous la forme d’un fichier, le plus souvent un fichier Word. Le fichier est transmis à la PAO, qui va se charger de sa mise en page, à l’aide d’un logiciel dédié, généralement XPress ou Indesign. Une fois terminées les corrections, on adresse à l’imprimeur un fichier PDF, dit le « PDF imprimeur ». Nos livres sont donc bien prêts pour le numérique, pas de doute… Sauf que…

Sauf que le fichier destiné à imprimeur a été conçu pour un usage précis, l’impression d’un livre à un format donné. Le numérique, aime-t-on penser, arrache le texte à la page, le rend indépendant de son support. Sauf que… un fichier destiné à l’impression « re-soude » le texte à la page, en mélangeant des informations de contenu et des informations de mise en forme. (L’indépendance contenu/mise en forme est d’ailleurs discutable, car la mise en forme véhicule un sens, qui ne se distingue pas forcément si facilement du « sens du contenu » mais interfère largement avec… mais cette indépendance est techniquement réalisable.)

Continuer la lecture

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Potins

Est-ce que ça va marcher ? Est-ce que ça va prendre ? Pas de statistiques disponibles depuis le lancement du Kindle. En attendant, on se console avec des on-dit, comme celui-ci trouvé sur silicon alley insider :

« En attendant de véritables statistiques, encore des anecdotes qui montrent que le Kindle d’Amazon a ses fans : Evan Schnittman, directeur du développement des édtiions Oxford University Press (35 000 ouvrages universitaires) a dit qu’un ami de l’un des plus gros éditeurs « trade » du monde l’avait appelé cette semaine, surpris des bonnes ventes de livres au format Kindle en décembre, juste après la sortie du Kindle.

Aussitôt Schnittman a consulté l’état de ses propres statistiques de vente, qui, a-t-il dit, l’ont étonné : il avait escompté vendre 100 à 200 titres pour le Kindle en décembre, mais dit que le vrai chiffre était de l’ordre « d’une magnitude au-dessus » de ses prévisions.

(…) Il dit que ces ventes l’ont fait passer de la catégorie des « sceptiques du numérique » à celle des « adeptes du numérique » et qu’il va se dépêcher de finaliser un accord avec Sony pour rendre ses ouvrages disponibles également dans le format de leur lecteur. »

En commentaire plusieurs témoignages d’utilisateurs de Kindle, qui font part d’un usage déjà intégré, de la facilité de commande (consultation gratuite d’un extrait souvent suivie d’un achat impulsif).

Vous avez dans vos amis un « gros éditeur américain » ? Celui-ci vous a fait des confidences sur ses chiffres de vente d’ouvrages destinés au Kindle en décembre ? Parfait : ajoutez-les en commentaire, promis, ça restera entre nous.

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Nommons donc cet objet

Comment traduire le terme « eReader », qui désigne l’objet nous permettant de lire des textes électroniques ? J’avais proposé « liseuse« , qui a déjà quelques adeptes : Alain Pierrot, François Bon, Irène Delse et peut-être quelques autres. Liseuse, un nom féminin, disponible en quelque sorte car désignant soit un objet pratiquement tombé en désuétude, soit une lampe de lecture, objet assez peu courant et plus souvent désigné par le mot « lampe » que par le mot « liseuse ». Liseuse, sans la moindre ambiguïté, se réfère à la lecture. Un mot court, facile à prononcer, avec une terminaison en « -euse » déjà utilisée par de nombreux outils (une tondeuse, une perceuse…)

Je le préfère à « bouquineur« , qui a une connotation trop familière, à « livrel« , qui perpétue la confusion entre terminal de lecture et texte au format électronique, au vilain anglicisme « reader« . « Lecteur » est déjà utilisé pour les machines lisant les DVD ou les mp3, et qui aurait l’inconvénient de désigner d’un même terme la personne qui lit et la machine qu’elle utilise pour ce faire. Je m’aperçois en parcourant les blogs spécialisés sur le sujet que ces terminaux, faute de nom commun, sont désignés par des noms propres : on y dit « mon Iliad », « mon Kindle », « mon Cybook », comme on dit « la Peugeot » ou « la Volkswagen », mais on apprécie de pouvoir utiliser le terme « voiture » lorsque l’on ne souhaite se référer ni à une voiture particulière, ni à une marque de voiture.

Et nous avons ce nom commun, un joli substantif pratiquement jamais utilisé, disponible, qui ne demande qu’à reprendre du service, qui est sans ambiguïté, qui se réfère explicitement à l’acte de lire, dont la terminaison évoque clairement un outil, un objet fonctionnel.

Alors, liseuse ? Ou bien ?

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Où je veux, quand je veux, mais pas dans Le Monde

Le Monde nous avait déjà gratifiés le week-end dernier d’un décevant dossier sur le livre électronique, qui mentionnait à peine le Kindle d’Amazon, et dont l’article principal se terminait par l’une de ces considérations que l’on n’a jamais lue nulle part du type « et je retrouve mon bon vieux livre, ouf, qui sent si bon l’encre et le papier ». (Je n’ai plus les termes exacts, et n’ai pas envie de payer pour les retrouver, parce que, deux jours après sa parution, le Monde 2 du week-end dernier est déjà en consultation payante.)
Donc, le week-end dernier, ce récit d’un journaliste risque-tout, qui s’est aventuré courageusement à lire sur une liseuse… Un récit empreint d’une sorte de commisération pour l’état encore tout à fait améliorable de la lecture de livres électroniques.

Curieusement, de l’autre côté de l’Atlantique, tout est beaucoup plus brillant et beau. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a tout compris (ça, on le savait déjà, merci), son Kindle est plus beau que notre Cybook et notre Iliad réunis, tellement lisible et sexy. On croirait presque lire sur un vrai livre, il ne manque plus que le parfum de l’encre, d’ailleurs le titre de l’article du Monde paru aujourd’hui désigne l’objet comme un livre. Combien faudra-t-il de temps pour que chacun se résolve à dissocier les deux sens que le terme « livre » comporte, à la fois objet et texte, support et contenu, et apprenne à faire la différence entre une liseuse et un livrel, entre la boiboite bourrée d’électronique qui sert à restituer un fichier informatique sous une forme lisible et le texte électronique que l’on a téléchargé dessus ? Personne ne songe à dire qu’Apple a lancé son dernier « disque électronique » en parlant de l’arrivée du dernier iPod. J’aime bien aussi la conclusion de l’article, qui montre un Jeff Bezos si merveilleusement précurseur qu’il pense déjà à la suite, lui, pas comme nous autres pauvres européens qui ne savons même pas numériser proprement « l’élégance du hérisson » ; la suite, bien sûr, heureusement qu’il y pense, Jeff, parce qu’ici, évidemment, personne n’en a entendu parler de l’écran enroulable…

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Quand Lulu rencontre Borders, et un petit jeu idiot en prime

J’apprends chez Joe Wikert, encore lui, que Borders, la deuxième chaîne de librairie américaine derrière Barnes and Nobles, a adopté la plateforme de Lulu.com pour proposer à ses clients un service d’auto-édition.

Un petit jeu pour étudiants en master d’édition : dans les questions suivantes, ( toutes issues de la FAQ de la plate forme Borders-Lulu ) remplacez Borders Personal Publishing par le nom d’une maison d’édition. Supprimez les questions qui visiblement ne fonctionnent pas avec le nouveau nom. Pour chaque question restante, indiquez qui peuvent être l’émetteur et le destinataire de la question, puis imaginez une réponse.

Program Basics

* What is Borders Personal Publishing?
* Who is Borders Personal Publishing for?
* How much does it cost to use Borders Personal Publishing?
* How do I register?
* What is Lulu?

Publishing

* How do I publish a book?
* What can I publish with Borders Personal Publishing?
* Why are there other book size options on Lulu? Can I choose a size that isn’t listed on the Borders Personal Publishing page?
* What services does Borders Personal Publishing offer?
* Does my book need editing?
* Does my book need page design?
* How do I make a cover for my book?
* What requirements does my book have to follow?
* Why don’t I see “Borders” while I’m creating my book?
* How do I get back to the Borders page after I’ve begun creating my book on Lulu?
* What rights does Borders Personal Publishing have over my published work?
* Who is the publisher — me or Borders Personal Publishing?

Selling Books

* How do I sell my book with Borders Personal Publishing?
* Who should buy the Borders Personal Publishing Premium Package?
* Who should buy the Borders Personal Publishing Standard Package?
* Who should buy the Borders Personal Publishing ISBN Registration Service?
* What is an ISBN?
* Does my book need an ISBN?
* What are royalties?
* Will Borders carry my book in the store?
* Do I have to list my book for sale?
* Who can buy my book?

Ordering Books

* How much will my printed book cost?
* Do I get a discount if I buy in bulk?

Shipping to the United States

* How long should it take to receive an order?

Author Support

* Where do I go for help with my book?

Une plate-forme d’auto-édition en ligne est en effet une sorte de « numérisation de savoir-faire ». Elle cherche à rendre accessible à tout un chacun une activité jusqu’à présent réservée à des professionnels, dans la lignée du « toi aussi tu peux » : « toi aussi tu peux choisir la typo, toi aussi tu peux choisir le format, toi aussi tu peux effectuer la mise en page, toi aussi tu peux concevoir une couverture, fixer le prix, demander un ISBN, te soucier de distribution… » Cette liste de questions révèle les attentes supposées du client, à la fois auteur et éditeur, correcteur et metteur en page, responsable de fabrication, et illustrateur, et responsable marketing, et attaché de presse… autant de métiers que la plateforme, en quelque sorte, simule.

Une aventure qui tente le plus grand nombre : Lulu annonce publier 4000 ouvrages chaque semaine. Avec une marque comme Borders, bien plus connue, ce chiffre risque de s’envoler.

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Livres d’occasion plus chers que livres neufs

Oh la la, est-ce que Joe Wikert est tombé sur la tête ? Parmi tous les traquenards que le décollage anoncé du livre électronique semble tendre au monde de l’édition, il en ajoute un nouveau, qui a le mérite de faire réfléchir, sur le thème « pourquoi essayer de vouloir faire fonctionner les anciens modèles dans l’enivronnement numérique ? ». (Oui, hein, pourquoi ?)

Il écrit :

Dans le modèle actuel, les livres scolaires d’occasion sont vendus à un prix inférieur à celui des livres neufs. Cela me semble plein de bon sens, mais pourquoi les livres scolaires d’occasion devraient-ils disparaître dans l’environnement électronique ? Je peux démontrer que non seulement ils peuvent exister, mais qu’ils pourraient même être vendus plus cher que les livres scolaires « neufs ».

Imaginons que vous commencez votre année scolaire et que vous venez d’acheter votre livre scolaire au format électronique X €.  Au fur et à mesure de votre utilisation, vous allez l’enrichir d’annotations prises en classe,  de conseils  et d’astuces que vous apprendrez en cours de route, et vous y adjoindrez peut-être des extraits audio des cours donnés par votre prof. Bref, vous aurez fabriqué votre mashup du e-manuel  original. (La version 1.0 du Kindle ne l’autorise pas, mais j’espère qu’une prochaîne version le permettra.)

Et hop, voilà Joe parti pour décrire le modèle économique : le livrel scolaire « usagé » ou plutôt « enrichi par l’usager » revendu plus cher que le pauvre livrel tout nu proposé par l’éditeur…

Bon, on s’inquiétait déjà du « pire tout pire ». Voilà maintenant que les livres tout gribouillés et écrits dessus par les étudiants vont valoir plus cher que les neufs…

Vous savez quoi ? Je suis d’accord avec Joe. Il faut repenser les modèles, sortir du cadre, « think different »,  et c’est en allant  hardiment au bout de ce type de description comme il le fait dans cet article, que je vous engage à lire en entier dans le texte, que l’on peut avancer vraiment.

Si ce ne sont pas des éditeurs qui le font, d’autres s’en chargeront à leur place. Non ?

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Donner c’est donner

If:book nous renvoie à un article du New York Times qui commente la décision du groupe d’édition américain HarperCollins de permettre un accès complet et gratuit en ligne à certains de ses livres :

« Dans l’optique d’augmenter les ventes de leurs livres, les éditeurs d’HarperCollins vont commencer à autoriser gratuitement l’accès  à la version électronique intégrale de certains de leurs livres sur leur site Web. Parmi ces livres un roman de Paulo Coelho (brrr… je sais qu’il rencontre un vif succès mais perso même gratuit j’en voudrais pas… – NdT), et un livre de recettes de Robert Irvine, une star de la cuisine (inconnue chez nous – ou bien ? – NdT).

L’idée est de donner aux lecteurs la possibilité de feuilleter et découvrir les livres en version numérique en ligne comme ils peuvent le faire dans une librairie avec les livres imprimés. »

Petit à petit, l’idée va-t-elle faire son chemin que l’accès gratuit au contenu complet d’un livre en ligne, plutôt que de les « canibaliser »,  a  un effet bénéfique sur les ventes de celui-ci ?

J’ai déjà cité l’exemple, repris par ce même article du NYT,  du livre “Diary of a Wimpy Kid” , publié intégralement sur un site gratuit et qui est ensuite resté 42 semaines dans la liste des best-sellers jeunesse du New York Times.

En France, les éditions La Découverte font le même pari avec la collection Zones, qui se réclame ouvertement de l’exemple des « lybers » proposés sur le site des éditions de l’Éclat, avec la mise à disposition du texte complet des ouvrages de la collection que l’on peut feuilleter intégralement en ligne.

Le New York Times mentionne également l’expérience menée par un auteur :

Neil Gamain, un auteur de romans, nouvelles et scénariste BD demande aux lecteurs de son blog de voter pour le titre qu’ils souhaitent voir choisi pour une diffusion intégrale et gratuite en version numérique. Une version électronique du livre qui aura remporté le plus de suffrages sera offerte gratuitement sur le site d’HarperCollins plus tard ce mois-ci. M. Gaiman a déclaré que l’effort n’était pas très différent de ce qui se pratique depuis des décennies.

« Je n’ai pas grandi en achetant tous les livres que j’ai lus », a dit M. Gaiman, d’origine anglaise, 47 ans. « Je lis des livres dans les bibliothèques, je lis des livres dans les maisons de mes amis, je lis les livres qui traînent sur les appuis de fenêtre des gens ». À l’occasion, ajoute-t-il, il les achète aussi lui-même, et il croit que les autres lecteurs le font aussi.

Moi non plus je n’ai pas acheté tous les livres que j’ai lus, loin s’en faut. Et ai-je lu tous les livres que j’ai acheté ? Non, bien sûr… Sinon, quand est-ce que je trouverais le temps de regarder des séries américaines ?

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de grandes conversations numériques

Le terme anglais « digital literacy » n’a pas d’équivalent français. Alain Giffard parle de « culture de l’écrit numérique », Milad Doueihi dans « la grande conversion numérique » utilise soit « savoir-lire numérique » soit « compétence numérique« . Je passe cet après-midi du livre de Doueihi à quelques articles d’Alain Giffard qui me reviennent en mémoire à la lecture de ce billet de Jean-Michel Salaün, qui commente deux études. L’une, américaine, met en évidence un fort recul de la lecture chez les jeunes. Ils lisent moins, diront certains, mais ils ont développé d’autres habiletés, notamment sur le web, où ils se meuvent comme des poissons dans l’eau. Que nenni, nous dit la seconde étude, britannique celle-là. Jean-Michel Salaün résume :

« La lecture des jeunes à l’écran n’y apparait pas vraiment en effet comme encore très efficace. Le rapport présente les résultats d’une enquête sur la façon dont les jeunes naviguent sur le Web et s’y informent. Sans surprise non plus, il montre que la « génération Google » n’a pas beaucoup d’esprit critique face aux outils et que les bibliothèques ne positionnent pas leur service de façon pertinente. »

Alain Giffard aborde les mêmes questions dans cet article inclus dans une étude remise au ministère de la Culture et de la Communication et intitulée, « Lire, les pratiques culturelles du numérique ». J’aime bien ce passage :

« Il y a une erreur de perspective que les documentalistes des collèges et lycées relèvent souvent : les élèves prennent au pied de la lettre le discours d’accompagnement des industries de l’information selon lequel on trouve toute l’information du monde sur internet. Cette idée qui apparaît absurde à beaucoup d’adultes est très répandue et solidement établie. Elle traduit admirablement la croyance en la force de la simulation. Malheureusement, on ne trouve pas sur internet d’information sur les informations qui ne sont pas sur internet. »

Ce qui pointe dans ces discours c’est la crainte qu’une sorte de « trou » se produise dans les compétences. Une génération aurait perdu l’accès à certains savoirs et certaines connaissances que l’école et les autres instances d’éducation ne parviendraient plus à transmettre, et n’aurait pas encore acquis ceux que l’école ne réussirait pas encore à transmettre. Que pourront alors faire nos petits-enfants avec les merveilleux outils que nous leur aurons légués, s’ils n’ont plus la capacité de se concentrer, de différencier un type d’écrit d’un autre, de rédiger convenablement ? Copier, et coller, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à copier, plus rien à coller ?

Le risque est de rejoindre très vite le choeur des pleureuses : le niveau baisse, je n’ai encore jamais eu une classe comme ça, tout se perd, c’était mieux avant…
D’abord, la culture savante reste le fait d’une élite. Beaucoup d’individus ne peuvent perdre ce qu’ils n’ont jamais acquis : cette fameuse « literacy » est encore loin d’être un bien partagé par le plus grand nombre. Ensuite, les études mesurent ce que leurs auteurs connaissent, et par définition, ils peuvent passer à côté de compétences dont ils n’ont aucune idée. Je pense à ce qu’André Gunthert étudie par exemple de l’usage que les jeunes font de la photographie numérique et de la vidéo, des objets qui tendent à se banaliser, au moins via les téléphones portables qui en sont quasiment tous équipés.

Je ne crois pas que nous ayons tellement besoin de cris d’alarme. Nous avons besoin de demeurer fermes sur ce que nous désirons transmettre, et curieux de ce qui s’invente. Ne pas laisser disparaître ce qui nous constitue, ne pas dénigrer ni ignorer ce qui apparaît. A l’articulation des deux cultures, le livre de Doueihi (que je n’ai pas encore fini) est ce que j’ai lu de plus stimulant depuis bien longtemps.

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Audible acheté par Amazon

Sur Amazon version US, un même titre peut être vendu en grand format, en poche, sous forme de livre électronique, mais aussi de CD audio, ou de fichier son téléchargeable. Un clic sur un titre à ce dernier format vous emmène sur le site d’Audible, partenaire d’Amazon, et maintenant intégrée à Amazon : oui, car Amazon achète Audible. Jeff Bezos, le roi de la vente à distance sur le web diffuse désormais plusieurs produits 100% numériques : pas d’entrepôts (sinon virtuels : des serveurs), pas de transport (sinon virtuel : de la bande passante) : livres électroniques, musique, livres audio numériques.

Autre nouveauté repérée aujourd’hui : maintenant, les commentaires des livres peuvent se présenter sous la forme de vidéos, que leurs auteurs publient sur le site d’Amazon.

Mais qu’est-ce qu’on va faire, nous autres? Ils vont vite, ils ont ou ils repèrent les bonnes idées, ils se développent dans tous les sens. Ils font du LibraryThing-like et du youTube-like… Ils affichent des résultats insolents.

Il m’est arrivé d’écouter en voiture des audiolivres sur cassette, pendant de longs trajets. L’an dernier, je me suis laissée avoir tenter par un offre promo sur le site audible France, qui propose donc des livres audio en téléchargement payant. A ceux qui s’abonnaient pour un an, pour un montant d’une douzaine d’euros mensuels, on offrait un iPod nanno à 30 euros. L’abonnement autorise un téléchargement mensuel de livre et plusieurs téléchargements de magazines. Le catalogue en français est assez mince, mais j’ai réussi chaque mois (sauf quand j’ai oublié, c’est malin…) à trouver mon bonheur, et j’ai bien apprécié d’écouter sur mon iPod collector (car gravé au dos d’un « audible » du meilleur effet) des textes assez variés. De longs extraits de La Recherche lus par Jean-Louis Trintignant, un Gide, un Beckett – (Premier amour), des contes de Flaubert (un coeur simple, écouté en voiture avec mon fils, sur les routes normandes, c’était parfait…), de la poésie, des nouvelles russes… Par contre, jamais dépassé la première leçon d’un cours de perfectionnement en anglais, décidément trop paresseuse.

Une fois terminé mon abonnement d’un an, je ne l’ai pas renouvelé.
Quantité d’initiatives autour des textes lus à voix hautes me permettent d’alimenter autrement ma machine à sons : page 48, Rabelais à haute voix, les conférences du Collège de France ou de l’ENS et bien d’autres. Et rien ne m’interdit de continuer à acheter aussi si je veux ponctuellement des livres audio sur Audible, ou ailleurs

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