Deux témoignages me frappent lors du forum « Pour une nouvelle dynamique de la chaîne du livre », cet après-midi à la SGDL. Un peu en marge du débat qu’il modère, Pierre Assouline indique que depuis deux ans à peu près, à Sciences Po où il enseigne, il n’a plus en face de lui les visages de ses étudiants, mais une forêt de capots d’ordinateurs. Tous ses étudiants sans exception sont équipés, et prennent directement des notes sur leur portable. A peine a-t-il fini de poser une question qu’ils googueulisent immédiatement ses termes pour fournir la réponse trouvée dans Wikipedia.
Dans l’assistance, Benjamin Renaud, enseignant-chercheur en musicologie tient à préciser qu’à Paris VIII, il a toujours bien en face de lui des visages : ses étudiants ne sont pas équipés. Rue St Guillaume / St Denis : la fracture numérique se confond avec le Boulevard Périphérique, mais ça, on s’en doutait un peu.
La deuxième fracture numérique est moins visible : elle se situe, parmi les étudiants équipés, entre ceux qui vont accéder rapidement à quelques notions leur permettant d’utiliser à meilleur escient des (et non pas un) moteurs de recherche, et d’accéder au Web au delà des trois premiers résultats ramenés par Google… Souhaitons que ceux de Paris VIII puissent rapidement et simultannément réduire ces deux fractures : celle de l’équipement, et celle de la connaissance.