Qui d’autre, parmi les nombreuses personnalités auditionnées par la commission Patino, nous fait partager sa réflexion, publie ses notes de préparation, et nous emmène quasiment avec lui dans la salle où il est auditionné ? On pourrait nommer ça la « web 2.0 attitude », si cela ne risquait pas d’enfermer la démarche dans une mode passagère, c’est le risque avec les « buzzwords ». Si c’était simple anecdote, si c’était juste raconter sa vie, si c’était complaisant, si c’était stratégie de communication, je n’en parlerais pas. Mais ce n’est rien de cela. C’est, véritablement, une pratique naturelle, c’est « penser avec », c’est parier sur l’intelligence collective, c’est un partage où tout le monde gagne, celui qui publie et celui qui lit et peut réagir.
C’est nous rappeler aussi que cela nous appartient, tout, le travail de cette commission, ce qui en résultera, et le devoir de penser ce qui advient aujourd’hui, d’en débattre, d’intervenir dessus.
Merci François.
En effet, merci François, c’est très riche!
J’ai envie de partager une réaction spontanée sur la première recommandation, que je ne suis pas certain de partager.
Je m’interroge… que gagnerons-nous à disposer d’une telle cartographie statistique de la blogopshère (au sens large)? Est-ce qu’il n’y a pas un risque que cela ait pour effet (indirect?) de pousser/favoriser le développement d’une approche médiatique/publicitaire de l’édition dans laquelle l’audience se commercialise alors que les oeuvres (appelées pudiquement « contenus » dans ce paradigme) sont essentiellement gratuits.
Évidemment, ce serait éclairant, rassurant (et valorisant!) de savoir tout cela… mais est-ce que le flou actuel ne nous offre pas un meilleur laboratoire créatif pour aborder le numérique sans risquer de nous appuyer trop vite sur des repères et des business models hérité d’autres secteurs qui sont passé par là avant nous (la presse, par exemple) et dont il faut évidemment nous inspirer mais aussi (surtout) nous affranchir?
Il y a tellement de gens qui m’ont demandé cette cartographie depuis trois ans… auprès de qui j’ai pu plaider que cela n’existait pas… et avec qui j’ai pu avoir des discussions/réflexions tellement plus riches que si j’avais eu réponse à leur première question… parce que cela nous a donné l’occasion d’expliquer plutôt les mécanismes du Web aujourd’hui plutôt que de ne porter un regard que sur sa forme actuelle… que cela m’effraie un peu de savoir que tout à coup, tout pourrait devenir « plus simple à interpréter ».
Je caricature un peu… bien sûr… encore que…
en accord sur tes réserves, Clément – mais c’est en réaction à la part prise par les très aléatoires catégories de Wikio, et les encore plus fluctuantes catégories de Technorati
je me passe très bien de ces classements, mais je constate aussi combien il est difficile, pour nos sites et blogs, d’échapper aux cloisonnements transversaux, ou même de se faire repérer dans nos propres disciplines
la question posée par mes hôtes concernait la possibilité d’accorder à des contenus virtuels la même valorisation symbolique qu’on a progressivement appris à faire dans l’édition traditionnelle
indépendamment du fait, dans le cas de passage progressif à un outil ‘ »professionnel » qui nous permettent d’en tirer salaire, la nécessité vis-à -vis de nos partenaires de faire exister une référence quant à l’audience – de mon côté, cad sans appui ni soutien autres que ce qu’on trouve sur la route, ce besoin n’est pas réductible à question médiatique/publicitaire…
je rajoute lien vers réaction d’Arnaud Maïsetti (Paris VII)
http://www.persona.publie.net/spip/spip.php?article99
Oui – sans doute, la plupart des choses que j’évoque existe déjà en partie, et d’ailleurs, ce sont beaucoup d’évidences, ou du moins, ce devrait l’être. Mais il me semble que les initiatives que tu cites sont surtout personnelles, je crois, et même si elles reçoivent l’appui des facs ou des Ecoles, elles n’émanent pas d’elles, ou en tout cas pas directement (sauf peut-être à l’EHESS, en pointe comme toujours).
Peut-être est-ce mieux ainsi.
Ou peut-être faudrait-il que les pouvoirs publics se saisissent de ces enjeux et les « imposent » aux facs (ou aux Ecoles) ?
Le site de ma fac, par exemple (http://www.univ-paris-diderot.fr/) est juste un espace d’informations « pratiques » – et pas du tout actif dans la promotion de la recherche – je ne parle même pas du site de la Sorbonne. En somme, dans les facs de lettres (parisiennes au moins), j’observe beaucoup de réticence à se lancer dans le numérique pour promouvoir des travaux qui restent confidentiels. (Exemple concret, la revue « Cahiers Textuels » de Paris VII qui regroupe des articles assez pointus écrits par des spécialistes en revisitant des auteurs dits « classiques », est seulement disponible dans les bureaux de l’UFR – autant dire, nulle part. Pourquoi pas un « tirage » numérique – accessible à tous, qui mettrait en valeur recherche et chercheurs dans une émulation qui profiterait à tous ?)
Je ne parle donc que de rendre (dans le petit monde des lettres et des sciences humaines) systématiques et globales des entreprises qui existent déjà ponctuellement…
Pour les bibliothèques, le dynamisme est sans doute plus grand, et beaucoup d’initiatives : mais là aussi individuelles (je crois ?). Encore une fois, c’est sans doute mieux de se prendre en mains seuls que d’attendre des directives de l’Etat : mais on est dans une telle situation que ça ferait pas de mal d’être aidé, en prenant appui justement sur ce qui se fait déjà et qui fonctionne ?
Les commentaires ci-dessus me désanchantent, si tant est que j’en ai bien saisi le sens. On se sent un peu seul et un peu con (c’qui revient souvent au même.) Je sais bien qu’un commentaire, c’est d’abord elliptique mais…
Je ne crois pas que demander la reconnaissance et la publicité (caractère de ce qui n’est pas tenu secret) des oeuvres (au sens large) numériques fassent encourir à celles-ci le risque de se « massmédiatiser », risque où la « blogosphère, au sens large itou» (sic) y perdrait son âme.
Le flou actuel est certainement un meilleur laboratoire, mais le problème – en tous cas dans ce que j’en vois- est de sortir du stade de laboratoire et que les éprouvettes livrent enfin un résultat toujours perfectible de leurs expériences.
Il y a – me semble t-il – dans les réserves de Clément et dans le partage que leur apporte François comme une sorte de pudeur à ne pas vouloir entrer vraiment dans ce bordel de la grande foire à l’encan qu’est, qu’on le veuille ou non, la diffusion de l’écriture du monde, que celle-ci soit de qualité ou carrément grotesque.
Une sorte de peur d’une sorte de récupération que je ne partage pas du tout, du tout…
Il faudrait tout de même considérer que le lecteur, allez, disons-le tout net, le client, va là où le guident son intelligence et son goût du monde et que donc, il sait trier le bon grain de l’ivraie, certains préférant le bon grain et d’autres l’ivraie.
Parallèle abusif : Il y a parfois dans les halls de gare – pas souvent mais ça arrive – de bons bouquins. Il y a a contrario dans les librairies des tas de merdes pas possibles. Tout est une question de proportion, de chalands, de choix et, même, de hasard.
La blogosphère est un espace vivant. Un vivier et un bouillon de culture où se mêlent poésie, littérature, affligeantes conneries, colères, bontés et méchancetés gratuites, modesties, prétentions, désarrois, espoirs etc…Tout ça par l’écriture spontanée du monde, c’est-à -dire humainement.
Ne jamais oublier d’en prendre le pouls et je trouve que les commentaires laissés ici sont assez révélateurs.
http://villemain.canalblog.com/archives/2007/10/18/6580904.html
Sortir, et vite, donc de l’« happy few.» sans tomber pour autant dans une sorte de mercantilisme vulgaire; c’est tout l’enjeu et l’avenir de l’internet littéraire, (car c’est bien de ça qu’on cause ?) Sans quoi il n’a de sens que celui donné par Pygmalion à sa statue.
Je connais un tas de gens en France qui sont de grands lecteurs et depuis longtemps. Beaucoup ont découvert l’existence de la littérature numérique quand je leur ai envoyé le lien de Publie.net. Hiatus, quand même, et ce hiatus est autant à leur charge qu’à leur décharge.
Quand on déplore aussi le manque d’enthousiasme de 95 pour cent des écrivains à franchir le pas, je crois qu’une condition sine qua non pour les inviter c’est de changer le sentier confidentiel en avenue et le laboratoire en salle de vaccination.
Les écrivains, ils veulent être lus. C’est aussi simple que ça et c’est pourquoi ça peut se perdre de vue.
Que les universités soient aussi des lieux privilégiés de la diffusion avant-gardistes du texte numérique, bien sûr…bien sur…
Y’a des bibliobus aussi.
J’ai un peu caricaturé itou….encore que…
Do widzenia à toutes tous.